Si aujourd’hui, la bande dessinée est enfin reconnue par la plupart des médias voire même par le grand public, pour ce qu’elle est, un art véritable ni plus ni moins honteux que le cinéma, la musique, la peinture ou la littérature, tous les jours, nous pouvons mesurer les dégâts occasionnés par des années d’obscurantisme et des restes de bienpensance catholique. Les critiques de Télérama, un magazine dont la fonction se veut pourtant d’être un guide culturel de haute tenue, comparent encore volontiers telle série B à une bonne bande dessinée. Dans un esprit semblable, on peut lire sur la jaquette du DVD du film de James Cameron, Terminator, qu’il s’agit « d’une incroyable bande dessinée cinématographique ».
Pourquoi la bande dessinée devrait être encore assimilée au cinéma de divertissement ? En quoi Terminator est-il, formellement ou narrativement plus proche d’une bande dessinée que Solaris de Tarkovski, pour citer deux films de science-fiction diamétralement opposés ?
Un exemple de dénigrement particulièrement consternant concerne Scotch Arleston, le scénariste le mieux payé de France, qui n’hésite jamais, dans ses interviews, à comparer son œuvre, voire la bande dessinée dans son ensemble, à des conneries uniquement destinées à être lues aux toilettes. Entendons nous souvent Luc Besson taxer ses films de merdes ou réduire le cinéma au seul Bis ou Z ? Non, et cela parait même impensable que la chose se produise.
La bande dessinée ne semble pas s’être affranchie de ce statut de pur divertissement, pourtant, qu’y a-t-il de divertissant dans l’œuvre de Fabrice Neaud, dans les Contes démoniaques d’Aristophane ou même dans From Hell de Allan Moore ?
jeudi 17 mars 2011
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2 commentaires:
1. Télérama n'a pas vocation à un être un exemple en matière de critique BD (heureusement d'aileurs).
2. Chacun ses goûts. Les BD que tu vénères pourront passer pour de véritables merdes chez des puristes. CQFD.
Mon propos n'est pas de conspuer la bande dessinée dite de distraction, simplement d'en constater la primauté, encore aujourd'hui, dans l'ensemble des médias et dans l'inconscient collectif. Quant au terme de puriste, il me parait désormais bien galvaudé. Je lis et je fais de la bande dessinée depuis que je sais lire et écrire. J'ai donc acquis au fil des années et de mes lectures une certaine culture en la matière, culture qui peut me faire apprécier Tif et Tondu tout autant que le dernier Vanoli. Je pense pouvoir me considérer comme un puriste vu l'amour que je porte au médium. Je n'émettais ici aucun jugement de valeur.
Concernant Télérama, il s'agissait ici de pointer les discordances de leur discours sur la bande dessinée. D'une part, chroniques de livres souvent exigeants, articles faisant la part belle aux auteurs estampillés "nouvelle bande dessinée" par Hugues Dayez, et d'autre part, cette manie viscérale de comparer sans cesse la bande dessinée et le cinéma B dans les critiques des grilles de programmes.
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